Tout savoir sur l’éjaculation précoce

autrement dite éjaculation prématurée

Définition de l’éjaculation précoce

 

Depuis plus de soixante ans, des dizaines de définitions ont été évoquées concernant l’éjaculation précoce. Puis, elles ont évolué au cours du temps, selon le contexte socio-culturel spécifique de chaque continent puis celui des pays, les us et coutumes des peuples, les comportements et habiletés sexuelles, le tout dans un contexte socio-médical évolutif.

Pendant longtemps, le terme de « éjaculation précoce » a été cité de manière générique en oubliant de corréler la sémantique de ce mot pour finalement évoluer vers un terme plus adapté à savoir « éjaculation prématurée » c’est-à-dire qui arrive avant son terme.

Les premiers chercheurs en matière d’éjaculation précoce ne faisaient aucune distinction entre une éjaculation précoce primaire et une éjaculation précoce secondaire car ils n’utilisaient pas de critères objectifs pour la définir.

Au fur et à mesure de l’évolution des tendances, la distinction a pris du sens, pour différencier deux principes évidents.

« L’éjaculation précoce primaire » est statuée dès les premiers rapports sexuels qui interviennent souvent vers l’âge de 17 ou 18 ans ou lorsque la personne a décidé le moment de son premier rapport sexuel et la dysfonction sexuelle demeure.

Alors que, « l’éjaculation précoce secondaire » apparaît à n’importe quel moment de la vie et de la vie sexuelle, mais bien après la période d’éjaculation primaire qui semble avoir toujours été satisfaisante.

Ainsi, au cours des années suivantes, les chercheurs ont nuancé le terme d’éjaculation secondaire pour le nommer « éjaculation prématurée acquise ».

Avec l’évolution de la définition de l’ISSM (International Society of Sexual Medicine – McMahon et al. 2008) et l’apparition de deux nouvelles entités pour l’éjaculation prématurée – à savoir « éjaculation prématurée variable » et « éjaculation prématurée subjective » -, la dysfonction sexuelle indiquée « éjaculation prématurée » a été nettement clarifiée – Waldinger.

Aujourd’hui, toutes les définitions récentes prennent en compte :

  • Le délai de survenue de l’éjaculation ;
  • L’incapacité à différer la survenue de l’éjaculation ;
  • Les conséquences négatives personnelles (préoccupations et souffrance) liées à l’éjaculation prématurée.

Elles reconnaissent que l’éjaculation prématurée est une dysfonction sexuelle à multiples facettes, qui peut être présente dès le début de la vie sexuelle (primaire et permanente) ou après une période de contrôle éjaculatoire satisfaisant (acquis).

Actuellement, Les définitions les plus utilisées sont celles de :

  • ISSM (International Society of Sexual Medicine) :
  • DSM 5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) :
  • CIM-11 (Classification internationale des maladies pour les statistiques de mortalité et de morbidité).

Notons que toutes ces définitions se sont limitées exclusivement à la sexualité intravaginale, excluant de fait la sexualité des personnes homosexuelles en raison du manque de corrélation statistique entre la sexualité coïtale, orale, anale et auto-érotique (masturbation). Pourtant un grand nombre de sexologues Français, dont je fais partie, a prôné depuis fort longtemps le critère « d’éjaculation variable » qui co-existe d’ailleurs dans la plupart des autres dysfonctions sexuelles.

Enfin, en 2020, la SIAMS (Société Italienne d’Andrologie et de Médecine Sexuelle) a présenté une définition, à destination des sexologues et des cliniciens praticiens, qui met l’accent sur la perte du contrôle, la souffrance morale et l’allongement du délai éjaculatoire intravaginal (DEI), l’ordre des 3 paramètres reflétant l’importance clinique de chaque aspect de la définition tridimensionnelle de l’éjaculation prématurée.

L’éjaculation prématurée est dorénavant définie comme suit :

  • Une perception subjective persistante et récidivante de la perte de contrôle du mécanisme d’éjaculation en présence de stimuli érotiques appropriés.
  • Une détresse subjective, liée à l’éjaculation prématurée, induite chez le consultant et chez le ou les partenaires.
  • Un délai éjaculatoire intravaginal (DEI) court <180s, de la pénétration à l’éjaculation, que le délai éjaculatoire intravaginal (DEI) soit perçu subjectivement ou mesuré objectivement par le consultant ou par le ou les partenaires.

Désormais, il est proposé qu’en pratique clinique, la même définition soit appliquée à d’autres stimuli sexuels qu’au seul rapport intravaginal, tels que la masturbation, les rapports oraux ou anaux, ainsi qu’aux personnes homosexuelles Sansone A, Aversa A, Corona G, Fisher AD, Isidori AM, La Vignera S, et al. Management of premature ejaculation: a clinical guideline from the Italian Society of Andrology and Sexual Medicine (SIAMS). J Endocrinol Invest. 2021 ; 44(5) :1103-18.

 

Le délai éjaculatoire

 

Mais cette société savante a omis de modifier le terme de délai éjaculatoire intravaginal (DEI) puisqu’elle conseille de prendre en compte les autres stimulations sexuelles. Donc, nous devons plutôt parler de délai éjaculatoire (DE) ou de spécifier ce délai éjaculatoire en fonction de la stimulation. Exemple : Délai éjaculatoire intra-anal (DEIA)…

Ainsi, l’éjaculation prématurée se compose de quatre syndromes qu’il est important de bien évaluer :

EP PRIMAIRE :

Le délai éjaculatoire est compris entre 1 à 2 minutes pour 80 % des personnes atteintes d’éjaculation prématurée.

Le délai éjaculatoire est compris entre 2 à 3 minutes pour 20 % des personnes…

Elle est présente depuis les premiers rapports sexuels, avec presque tous les partenaires.

Elle survient trop tôt et presque à chaque rapport sexuel.

Elle demeure tout au long de la vie si aucune prise en charge n’est décidée par la personne. L’étiologie semble être restrictive.

EP ACQUISE :

 Le délai éjaculatoire est compris entre 2 à 5 minutes.

Elle apparait à un moment donné de la vie et à n’importe quel moment de la vie sexuelle alors qu’auparavant, l’homme présentait des expériences et des rapports sexuels satisfaisants.

Cette survenue peut être soudaine ou de manière progressive.

Quelques causes médicales, psychologiques, sociales ou relationnelles peuvent être envisagées. Elle peut disparaitre naturellement selon des contextes spécifiques.

EP VARIABLE :

 Le délai éjaculatoire peut être court ou satisfaisant.

Elle n’est pas figée ou constante et se produit de façon irrégulière voire aléatoire.

Il y a une présence de la diminution de la capacité à contrôler ou à gérer l’éjaculation.

Elle peut survenir lors de rapports sexuels avec des partenaires réguliers ou avec des partenaires ponctuels ou différents voire s’inverser ; et/ou avec des personnes de même sexe et/ou avec des personnes d’autres genres et s’inverser également.

Elle peut demeurer tout au long de la vie sexuelle si aucune prise en charge n’est décidée par la personne, comme elle peut disparaitre naturellement selon des contextes spécifiques.

EP SUBJECTIVE :

Le délai éjaculatoire semble se situer conventionnellement ou il peut être long voire très long.

Elle est une perception personnelle et subjective de l’éjaculation de manière constante ou irrégulière.

La capacité à gérer son excitation et ainsi à retarder l’éjaculation peut être diminuée ou absente.

La survenue est imaginaire et/ou il y a une absence de contrôle de l’éjaculation.

La préoccupation de l’homme semble ne pas être mieux expliquée par un autre trouble cognitif.

Épidémiologie

 

Une multitude d’études ont été réalisées et publiées depuis plusieurs décennies par de nombreuses sociétés savantes distinctes de nombreux pays du globe. La sélection des cohortes a été très diversifiée car elle a proposé des cultures opposées, des critères individuels différents (âges, ethnie, religion, comportements sexuels…).

Ainsi, la conclusion de toutes ces études donne des réponses de prévalence large se situant entre 5 % et 86 % de personnes atteintes d’éjaculation précoce ou prématurée.

Aussi, depuis la mise en place des quatre syndromes distincts concernant l’éjaculation prématurée, nous constatons que la prévalence de l’éjaculation prématurée primaire et acquise est plutôt faible alors que la prévalence de l’éjaculation prématurée variable et subjective est plutôt élevée.

Aujourd’hui, Il semble difficile de conclure définitivement sur un chiffre de prévalence de l’éjaculation prématurée, compte tenu de la diversité des chiffres entre les études, qui rend compte des difficultés d’homogénéisation des définitions.

Toutefois, deux plages de prévalence sont relevées par plusieurs conclusions de ces données dues aux quatre syndromes.

L’une se situe entre 5 % et 40 % et l’autre se situe entre 5% et 20 %.

En pratique, il semblerait globalement que 20 % de personnes sont des éjaculateurs précoces ou prématurées.

Éthiologie

 

De l’année 1887 à aujourd’hui, soit depuis plus de cent ans de sexologie, plusieurs conceptions ont été élaborées à propos de l’étiologie de l’éjaculation précoce et elles ont profondément évolué, laissant sur le chemin des aprioris et autres préjugés.

En effet, l’éjaculation précoce a d’abord été reconnue et publiée (Gross en 1887 puis Krafft-Ebing en 1901).

Master et Johnson (1950 – 1990) considèrent que l’éjaculation précoce est secondaire à un problème d’apprentissage.

Un problème anatomique comme un frein court ou une hypersensibilité du gland avait été repris par plusieurs thérapeutes.

Puis, le versant de l’hypersensibilité ou une hyposensibilité des récepteurs cérébraux à la sérotonine à vue le jour.

Toutefois, nous savons que le stress, l’anxiété ou la dépression sont des facteurs pouvant établir une éjaculation prématurée mais notons que de très nombreuses personnes ayant ces symptômes ne présentent aucune éjaculation prématurée.

La faible activité sexuelle ou une fréquence sexuelle trop espacée ou irrégulière est un phénomène semble-t-il naturel à la création d’une éjaculation prématurée.

Enfin, au cours des deux dernières décennies, de nombreux facteurs de risque biologiques et psychologiques ont été proposés, toutefois la méthodologie transversale utilisée ne permet pas d’établir un lien de causalité (constat publié en février 2023).

En conclusion, il n’y a aucune preuve d’une cause précise concernant l’étiologie de l’éjaculation prématurée. Ainsi, aucun thérapeute quelle que soit son obédience ne peut affirmer en connaître la cause et la traiter ainsi !

 

Neurobiologie

Les différentes études déjà réalisées de nature neurobiologique à propos de l’éjaculation prématurée ont fait depuis longtemps l’objet de nombreuses d’hypothèses :

  • La sérotonine est le neurotransmetteur paraissant le plus impliqué dans le contrôle de l’éjaculation ;
  • Son rôle dans le retardement central de l’éjaculation a été mis en évidence sur des modèles animaux.

A ce jour, des résultats préliminaires chez l’homme semblent mettre en lien certains polymorphismes du gène du transporteur de la sérotonine (5-HTTLPR) avec la latence éjaculatoire.

Ainsi, en aucun cas, on ne peut conclure à une prédisposition innée de l’éjaculation prématurée avec les données dont nous disposons à ce jour en 2023 (publié en février 2023).

Notons que les preuves scientifiques du rôle d’une hypersensibilité pénienne innée ou acquise dans certains cas d’éjaculation prématurée semblent faibles et controversées.

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